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Article paru dans La Nouvelle République
du Centre Ouest - 31.01.2001
De notre rédaction d’Indre-et-Loire
M. Michel Saboureau, procureur général près la cour d’Appel d’Angers et ancien procureur
de Tours, vient certainement de jeter le trouble dans le monde… pas très clair des
pseudo-nouveaux experts en criminalité baptisés « profilers » selon le terme américain.
A la suite d’une observation du procureur général d’Angers, le ministère de la Justice a en effet
adressé ces derniers jours à l’ensemble des procureurs, une note les mettant en garde contre M.
Laurent Montet, directeur de l’Institut de profilage et d’analyse criminelle (IPAC) de Nancy.
Cette note fait référence aux travaux de M. Montet dans le cadre « d’une procédure criminelle
importante pour laquelle cet expert aurait démontré l’inefficacité de ses travaux ».On ignore quelle est cette procédure criminelle mais M. Montet avait publiquement émis une
opinion dans le cadre du meurtre d’Isabelle Peake, cette jeune anglaise retrouvée morte dans l’Indre.
D’autre part, une autre note du ministère de l’Intérieur se montre extrêmement critique vis-à-vis de M. Montet, auteur du livre « Tueurs en série-Introduction au profilage » (PUF). Cette note signée par un psychologue chargé de recherche à la sous-direction des Affaires Criminelles, juge « déplorable la qualité du livre qui comporte nombre d’inexactitudes. Ce personnage utilise la vaste publicité médiatique faite par son éditeur autour de lui pour venir proposer ses services aux différents services de police et de Gendarmerie. Or l’année dernière, une de nos antennes a été victime des agissements de ce personnage qui, utilisant ses indéniables qualités de persuasion, est parvenu à s’introduire dans une enquête criminelle importante. A cette occasion, nous avons pu constater non seulement la réelle incompétence de ce soi disant « profiler » mais encore, et peut-être surtout, son manque de rigueur épistémologique et son éthique approximative ».
Dans le monde de l’édition, les tueurs et série et autres aventures de « profilers » font actuellement recette. Mais il existe un large fossé entre la fiction et la réalité du terrain, surtout dans une « science » largement subjective.
Michel EMBARECK.